Histoire de la libération de saint tronc et des trois ponts - Les Roches

D'Après l’interview du soldat S. engagé dans l’armée allemande et chargé de radio-transmission et de la télémétrie dans le tunnel de Saint Tronc.

PROLOGUE

Après le retrait de la chute d’ Aubagne, les restes décimés du régiment WESTPHAL et de l’artillerie refluent vers la propriété « Les Roches » (château Castelroc) qui sert de point de ralliement aux troupes allemandes en perdition.
Le groupe du Soldat S. a rejoint le château de la Roche vers midi. A proximité de l’entrée Est de la propriété (chemin qui mène des Trois ponts à Castelroc) se trouve une position de défense. Des hommes cachés derrière un remblai montent la garde. L'artillerie lourde agit psychologiquement et dissuade toutes tentatives de prise du tunnel (Panzer Faust) armes ante–chars, canons portatifs anti-chars, mitrailleuses. Placés en promontoire au-dessus de la Becotte, leur mission consiste à dissuader toute avancée des FFI et de population vers l’entrée du tunnel.
Sur le terrain en contrebas du château Castelroc (extrémité de la traverse
Chevalier) un millier d’hommes campent dans des baraquements. Les soldats allemands puisent dans l’eau du canal pour se laver mais n’ont pas d’eau courante. Les conditions de vie sont précaires et le ravitaillement ne se fait plus. Néanmoins les soldats sont sur le qui-vive et deux camions gazogènes armés de canons légers de DCA sont prêts à intervenir au cas où Deux postes radio de marques Dora sont encore en liaison avec le QG du régiment Col ; Westphall situé dans le château de Saint Marcel.

Le soldat S raconte :

23 Août 1944 10h du matin

« Sur les bords du canal, nous avons découvert un amas de ravitaillement, pain de régime, conserves de toutes sortes et des caisses de cigarettes. Un peu plus loin, nous trouvons des caisses de grenades et d’obus. On nous a attribué un emplacement près d’un terrassement aménagé en abri (vers l’actuelle chaufferie de Castelroc Haut) Nous avons une vue imprenable sur la rade de Marseille

Nous avons reçu l’ordre d’attendre, nous attendons. Vers la fin de l’après midi, le rassemblement est sonné, nous sommes placés sur un camion chargé de ravitaillement et de munitions. Un camion gazogène armé d’un canon de DCA 20 mm et un camion tracteur semi-chenillés. Notre mission consiste à desserrer l’encerclement du château de Saint Marcel. Le premier trajet se passe dans le calme mais sur la place de Pont de Vivaux, nous essuyons des tirs provenant d’un immeuble, nos salves de DCA les font cesser. La place est décorée avec des guirlandes tricolores car l’avancée des alliés donne légitimement espoir à la population. Notre convoi continue sa progression en direction de Saint Marcel. Arrivé à la hauteur de l’impasse MAGGIO, le convoi est stoppé par des tirs nourris venant d’en face. Le premier camion est mis hors d’état puis on entend soudain une voix qui hurle en Allemand « Nicht schissen ( Ne tirez –pas ! ) Soudain, sortant de nulle part déboule un cabriolet de marque Rozengart occupé par trois jeunes gens. Le trio est armé, pris de panique, il ouvre le feu. Le jeune appelé à ma gauche perd l’équilibre et tombe sous les chenilles.

Pendant ce temps, la voiture de FFI fait une embardée et s’écrase contre un platane. Au même moment, un bruit de balles strident siffle au-dessus de nos têtes, nous sommes attaqués par des civils en armes. Abrités derrière les platanes du Boulevard de Pont de Vivaux. Nous sommes pris dans une embuscade Affolé, le canonnier de notre camion enclenche sa mitrailleuse en direction de nos agresseurs. Nous sommes sur le point de rendre les armes quand soudain un groupe de 300 marins allemands à pieds s’interposent avec virulence, les civils sont violemment pris à parti et subissent de lourdes pertes. Notre camion, pris en tenaille, essuie des salves de mitraille des deux cotés et je crois ma dernière heure arrivée. Par chance, aucune balle ne m’atteint, ce n’est pas le cas du canonnier qui est sévèrement blessé. Le commandant de notre convoi mesure la difficulté, les civils français surexcités prennent tous les risques, ils attaquent nos convois avec une telle détermination que notre mission devient trop périlleuse. Le commandant RUSCHIG donne l’ordre de retrait. Nous faisons demi-tour, de nombreux morts jonchent le chemin, nombreux ont été les civils tués dans cette altercation.
Nous rentrons au bunker, horrifiés par la scène que nous venons de vivre.

Le 24 Août

Posté en promontoire, j’assiste, du bunker, à des tirs de canons qui frappent lourdement Notre Dame de la Garde et le pont transbordeur, il se passe quelque chose, la tension monte dans nos troupes. En fin d’après –midi, un vieux char Renault arrive à notre campement, il s’agit d’une patrouille provenant d’un bataillon de réserve, jusqu’alors posté au parc Borely. Que viennent t’il faire ici ? La peur a changé de camp, l'angoisse nous envahit chaque minute un peu plus.

Nous sommes inquiets car le bruit sourd provenant du centre–ville s’intensifie, il ne s’agit plus d’intimidations, nous sommes pris pour cible par l’armada alliée. La bouche à feu d’un canon crache dans notre direction.
Encore assez imprécis, les obus tombent à proximité du bunker et prés du château.

Vers 14 H, nous sommes fixés, nous apercevons du navire de guerre américain en rade de Marseille. De nouveaux tirs de roquettes pilonnent. De toutes part, les obus fusent, de ST LOUP de ST MARCEL Nous ne sommes malgré tout pas au bout de nos surprises. Sur le flan droit, les tabors marocains tentent de prendre d’assaut le château Castelroc, ils nous harcèlent sans répit. La population enragée vient se mêler à la bataille. Le bunker est à son tour attaqué. Un canon obusier défend nos positions mais la situation devient critique, nous ne parvenons plus à repousser l’offensive des alliés et ce malgré l’appoint d’une deuxième batterie située au château de L'ETOILE (emplacement actuel du collège Vallon de Toulouse) Le Colonel BOIE tente de gagner du temps, il négocie une trêve pour que nous puissions évacuer nos morts et nos blessés.

Vers 18 h, la situation est complexe pour nos troupes, nous sommes cernés et l'étau se resserre inexorablement.

Epilogue

Notre soldat S. l'ignore mais la situation est pour les Allemands encore plus désespérée qu'il n'y paraît. Tandis que le chaos s'installe dans leurs troupes, les alliés, eux progressent. En effet, sur le versant est de la colline, le capitaine de LIGNIVILLE aidé par le 11ème goums monte à l'assaut du bunker. Mais, celui-ci est vaillamment défendu par une batterie. Des civils se proposent pour parlementer, l'officier allemand qui commande la batterie refuse, le capitaine Borie décide alors une action. Quand les goums arrivent à portée du fusil, le commandant de la batterie, poussé par l'honneur ou le désespoir se dresse brusquement brandissant son revolver, il est abattu sur-le-champ. Après une brève résistance, les hommes de la batterie se rendent.

A 19 h, la totalité de l'armada allemande est retranchée dans le bunker, entassée et confinée dans cet espace réduit la situation ne tarde pas à être désespérée. Un émissaire est envoyé dans le bunker pour négocier la reddition des troupes ennemies; Cet homme qui monte seul au tunnel est un prêtre, il s'agit de l’ abbé CROSIA.

A 20 H, le capitaine français DUPARMEUR rend compte à ses supérieurs que le Général allemand BOIE, 3 colonels, 7 officiers et 1156 sous-officiers ou hommes de troupes ont rendu les armes.

Rémy Alacchi


 

 

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