Histoire de la libération de saint tronc et des trois ponts

Apprenant je ne sais comment mon intérêt pour l’histoire, un mystérieux personnage me contacte en avril dernier. Il se présente au téléphone comme un soldat Allemand ayant combattu en Août 1944 dans les collines de Saint Tronc.

Il me propose de me narrer la façon dont il a vécu la « bataille de Saint Tronc ».

Faisons un rapide rappel historique : En 1944, la France subit le joug militaire Allemand depuis 1940. La débâcle a conduit le gouvernement Français à se replier à Vichy. Le maréchal Pétain et le président du Conseil, le président Laval ont mis en place un gouvernement totalement soumis aux exigences de Berlin

L’armée Allemande entre en zone libre en 1942 pour pallier aux risques de l’installation de bases alliées en Méditerranée (Tunisie, Sicile) ils occupent ensuite Marseille et font régner sur la ville leur didact.

Les troupes allemandes arrivent donc dans le village Saint Tronc et des Trois Ponts le 12 Novembre 1942, ils investissent tous les lieux susceptibles de leur fournir un maximum de confort à moindre frais. C'est ainsi qu'ils réquisitionnent le "château des Roches" (Castelroc Haut), les bastides de la Germaine, du Val des Pins (Abbe Fouque) Canto – perdrix (face à château St loup).
Parallèlement les Allemands démarrent le creusement du tunnel des Roches, véritable ligne Maginot qui fend la colline de Sainte-Croix de part en part entre St Tronc et les 3 Ponts et dont le mérite revient au STO (service du travail obligatoire) que les Allemands ont réquisitionné pour l'occasion.

Pourquoi les Allemands investissent ce lieu, apparemment sans aucun ressort stratégique ?

A cela trois explications. Le quartier est a l’époque essentiellement agricole, les laitiers et les paysans y sont nombreux. Les Allemands trouvent donc sur place toutes les denrées nécessaires. Par ailleurs, les bastides y sont nombreuses et les officiers peuvent s’installer confortablement. Enfin, les collines de Saint Tronc présentent un double avantage : Elles permettent de surveiller la rade de Marseille à l’Ouest et la route Nationale allant vers Aubagne à l’Est.

En 1942, les Allemands craignait déjà un débarquement allié. Du fait de son aspect escarpé, les collines de Saint Tronc permettent donc de voir arriver de loin d’éventuels ennemis.
Ce n’est donc pas pour rien si l’envahisseur entame la construction d’un tunnel-abri dans les collines

Pendant l'occupation le tunnel-abri renfermait un véritable arsenal, 800 soldats allemands y étaient parqués et vivaient en autarcie dans cette ville souterraine qui fabriquaient elle-même son électricité, avait sa salle d'opération chirurgicale, ses salles de repos, de réunions, ses douches, ses chambres à coucher et ses kilomètres de galeries sur 3 niveaux. Rapidement, les Allemands établissent leur quartier général dans le quartier. Le château des Roches (Castelroc) servant même de point de résidence aux officiers;

C’est dans ce contexte que le quartier Saint Tronc va connaître des événements décisifs à l’avancée du Général de Montsabert.

Voici donc le compte -rendu de ce soldat Allemand que nous appellerons le Soldat S. il nous décrit point par point "la bataille de Saint Tronc".

Du 20 au 24. Août 1944 autour du Bunker Von Hanstein ( Le tunnel de Saint Tronc porte le nom de l'officier qui en a le commandement ) situé sur le terrain de la propriété "les Roches dans le périmètre de St. Tronc

Soir du 20 Aout 1944

Basé à Aubagne, le soldat S. reçoit l’ordre de rejoindre les restes de la 3ème Compagnie d’Infanterie Ersatz Bataillon 641" alors sous le commandement de deux officiers de la Wehrmacht. - Oblt. Ruschig et Oblt Stock. Ces deux officiers ont sous leur responsabilité deux batteries ( 3 canons 105 m/m ). L’une située Avenue Pierre-Doize et l’autre Traverse des Prudhommes. Les Batteries tirées par des chevaux rejoignent leur cantonnement avec les 28 hommes se reposent dans un ravin au fond de la propriété des Roches (actuellement Castelroc Bas).

Matin du 21 Aout 1944

Le soldat S. passe la nuit près du Château, au matin, il constate que la batterie a quitté son cantonnement et la propriété est vide. Un courrier guide alors les 28 hommes vers trois maisonnettes situées prés de l’actuel église Arménienne de la Rue Escalon (le long de la rue Pierre-Doize — face au Lycée Jean-Perrin.) Le groupe reçoit l’ordre d’assurer la protection de la batterie de l’Artillerie en position dans un terrain vague situé à proximité et de la réapprovisionner en munition et grenades.

Vers 9 heures du matin, la batterie ouvre le feu en direction de la Ville d’Aubagne. Les canons vont pilonner des positions alliées jusqu’à midi.

La résistance des civils va à présent jouer un rôle déterminant. La population sait que les forces Françaises approchent et progressent sur la route d’Aubagne. Cela conduit certains à entamer une guérilla qui, peu à peu, va miner les troupes Allemandes encore présentes dans le quartier.

Des civils ont attaqué un convoi de ravitaillement Rue Escalon, Traverse Chevalier, et rue Achadian. Les Allemands réagissent et envoient deux groupes d’intervention. Ils se rendent en moto dans les rues étroites et le convoi est retrouvé après une courte fusillade (sans victimes).

La charrette prise à partie est retrouvée, les civils arrêtés puis relâchés après avoir été sévèrement sermonnés par l’officier Allemand Oblt Stock. Le reste de la journée est calme. Le soldat S. entend sonner les cloches d’une église au loin mais aucune nouvelle de la progression des alliés. La population semble en outre rester tranquille.

Journée du 22 Aout 1944

Le groupe de 28 hommes auxquels appartient le soldat S reçoit l’ordre de se rendre dans la propriété — Les Roches (Castelroc) — ou se trouve le QG du Général Boje commandant de la Garnison Allemande de Marseille. A proximité, se trouve le Bunker V. Hanstein.

Le tunnel de Saint Tronc

L’ouvrage fait partie des défenses fortifiées de Marseille et sert aussi de QG au Colonel v Hanstein. Commandant de Forteresse de Marseille.

Initialement prévu pour être un observatoire, le tunnel a été construit dés l’automne 1942 par l’organisation Todt, il est devenu peu à peu un poste de commandement.

Le soldat S m’explique "L’ouvrage traversait la colline de part en part. Au rez de chaussée se trouvait le poste de commandement, en étages, les salles de cantonnement pour les officiers et les hommes de troupes. Un central téléphonique assurait les liaisons radio. un câble de raccordement partait de la forteresse jusqu’à la poste Colbert. Il y avait une salle de radio, une infirmerie, des sanitaires et sur le sommet une plate-forme avec un poste de télémétrie. »

Mr S me précise que la construction du tunnel a commencé le 8 décembre 1942. Les travaux ont été orchestrés par le bataillon du génie de la 335ème Division d’infanterie, elle même sous le commandement du Lieutenant Colonel Otto Schall. Les travaux se sont achevés en Avril 1943; 518 ouvriers du STO ont participé au creusement.

Par manque de matériel, certaines installations n’ont pas été terminées (adduction d’eau par exemple). Le tunnel avait donc été pensé comme un ouvrage d’observation. A aucun moment, les architectes qui ont conçu ce "monstre de béton" ne l’ont voulu comme un bunker défensif. Cette sous-estimation des capacités réactives des alliés allait précipiter la défaite des troupes Allemande basées à Marseille.

Cet ouvrage s’inscrivait dans le schéma directeur des défenses de Marseille. Les Allemands craignait que la coalition alliée tente de débarquer sur les plages (d’où les fortifications des plages, les murs anti-chars, les bunkers armés de mitrailleuses lourdes et les barbelés tout au long du littoral ; certains bunkers sont d’ailleurs encore visibles au parc Borely).

Le tunnel de Saint Tronc servait donc de garnison pour les soldats. Peu confortable, les officiers lui préféraient le château de Castelroc dans lequel ils pouvaient bénéficier de tout le confort.

La stratégie Allemande

Le 18 Août 1943, Le Général Schafer, commandant de la 244ème division d’infanterie reçoit l’ordre d abandonner ses positions pour rejoindre Marseille. La consigne de ses supérieurs est claire " Défendre les positions allemandes à Marseille jusqu’au dernier homme "

Le Général Schafer prend donc la direction de toutes les forces Allemande en action sur la côte et à Marseille. En 1943, la menace d’un débarquement n’est pas encore avérée et le joug de l’occupant s’intensifie néanmoins (notamment avec la destruction du quartier du Panier) Marseille souffre et les Allemands font régner la terreur sur la ville. Précisons pour les plus jeunes que jamais les Allemands n’auraient pu imposer si facilement leur didact. sans l’aide zélée des miliciens Français

Certains d’entre-vous se souviennent peut-être encore du siége de la Gestapo installé sur la rue Paradis où la torture et les exécutions sommaires des résistants créaient de véritables traumatismes auprès de la population .

Devant le possible sursaut Français, les troupes Allemandes basées à Marseille, pallient à toute éventualités. Marseille est alors divisé en deux zones. au Nord, le Général Von Hainstein dont le QG est situé à St Gabriel. Au sud le Général Boje dont le QG est situé dans le château Castelroc.

Malgré leur réorganisation, les troupes Allemandes ne disposent pas d’un effectif suffisant. la stratégie Allemande consiste donc à concentrer le plus de troupes possibles sur des endroits stratégiques.

Saint Tronc, du fait de sa proximité avec la route Nationale d’Aubagne connaît donc un afflux important de garnison.

La bataille qui va se dérouler en Août 1944 dans ses collines sera décisive pour la libération de Marseille, car certaines poches de résistance Allemande retarde l’avancée du Général de Monsabert et de ses Goumiers.

à suivre...

Rémy Alacchi


 

 

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